lundi 28 septembre 2009

25 Septembre 1906 Naissance de Dmitri Chostakovitch

Dmitri Chostakovitch, né le 25 septembre 1906 à Saint-Pétersbourg en Russie et décédé le 9 août 1975 à Moscou en URSS, est un compositeur russe de la période soviétique.
Après avoir étudié le piano avec sa mère, elle-même musicienne professionnelle, Dmitri Chostakovitch entre en 1919 au Conservatoire de Petrograd, où il étudie le piano et la composition.
En 1926 a lieu la création de sa première symphonie, œuvre d'une maturité de métier si exceptionnelle chez un garçon de vingt ans que des chefs d'orchestre tels que Bruno Walter, Leopold Stokowski et Arturo Toscanini l'adoptent immédiatement et lui assurent une renommée internationale. L'œuvre vaut même à son jeune auteur une lettre de félicitation d'Alban Berg.
En 1927, le gouvernement lui commande sa Seconde Symphonie pour commémorer l'anniversaire de la Révolution russe. La même année, il obtient un diplôme d'honneur au concours Chopin de Varsovie. Entre l'été 1927 et l'été 1928, Chostakovitch s'attelle à l'écriture de l'opéra Le Nez. La partition résolument avant-gardiste rend à merveille l'ironie et le sarcasme du récit de Gogol. Celui-ci connaît un immense succès populaire. Il écrit en 1929 sa première musique de film, La Nouvelle Babylone, puis sa Troisième Symphonie. Il compose ensuite deux ballets, l'Âge d'or et le Boulon, deux échecs publics.
En mai 1932, Chostakovitch se marie avec Nina Varzar et achève à la fin de l'année la composition de son second opéra, Lady Macbeth du district de Mtsensk. L'œuvre est créée en 1934 et remporte un immense succès, avec trois productions et quelque deux cents représentations tant à Leningrad qu'à Moscou au cours des deux années qui suivent, en plus de nombreuses exécutions en dehors de l'URSS.
Au cours du premier Congrès de l'Union des écrivains soviétiques, en été 1934, Gorki présente la doctrine du réalisme socialiste. Les gens du cinéma se réunissent en janvier 1935 et rendent hommage à cette dictature idéologique. La fin de l'année 1934 ouvre une des pages les plus sombres de l'histoire russe: l'assassinat de Kirov marque le déclenchement d'une terreur d'une ampleur sans précédent, donnant le signal à des persécutions massives et à d'innombrables condamnations.
Le 28 janvier 1936 paraît dans la Pravda un article intitulé "Le chaos remplace la musique", violente diatribe contre l'opéra Lady Macbeth, probablement dictée par Staline lui-même qui avait en effet assisté deux jours auparavant à une représentation de l'opéra au Bolchoï, et l'avait détesté. Trois types de reproches étaient faits à l'œuvre de Chostakovitch : sa musique, faite de "tintamarre, grincements, glapissements"; son "formalisme petit-bourgeois" qui niait simplicité et réalisme socialiste au profit de l'"hermétisme"; et son "naturalisme grossier" montrant sur scène des personnages "bestiaux", "vulgaires". L'article va même jusqu'à menacer l'existence de Chostakovitch par cette phrase lourde de sens en pleine folie des purges staliniennes : "On joue avec l'hermétisme, un jeu qui pourrait mal finir".
Voila comment on traitait les artistes dans le paradis socialiste…
Les représentations furent aussitôt arrêtées. Le 6 février 1936, Chostakovitch subit un autre coup du sort avec la publication dans la Pravda d'un article éreintant son ballet le Clair Ruisseau (Le Clair Ruisseau est le nom du Sovkhoze que tous les soviétiques de cette époque connaissaient car, à chaque automne, c'est dans cette ferme d'État modèle qu'étaient tournées les actualités cinématographiques montrant que la nouvelle récolte était encore plus abondante que les précédentes). Puis, quelques jours plus tard, il fait l'objet d'une condamnation officielle au cours d'une réunion de la section de Leningrad de l'Union des compositeurs.
Beaucoup de ses anciens amis rivalisent alors d'attaques contre lui. Chostakovitch devient ainsi officiellement un "ennemi du peuple", accusation qui, dans l'URSS des années 30, précédait bien souvent une déportation. En juin 1937, il est convoqué par le NKVD pour être interrogé et ne doit sa survie qu'à l'exécution de l'officier en charge de son dossier. L'attente constante du pire le plonge dans l'insomnie et la dépression. Il est hanté par des idées de suicide, qui ne cesseront de le tourmenter toute sa vie.
Obligé de faire des concessions, Chostakovitch donne à sa musique des accents plus traditionnels. Sa symphonie n° 5, dont la facture très classique emprunte à Beethoven et Tchaïkovski, lui permet un retour en grâce. Cette œuvre est officiellement qualifiée de "réponse d'un artiste soviétique à de justes critiques". (sic!)

Réhabilité en 1941, il est nommé professeur au Conservatoire de Leningrad et reçoit le Prix Staline pour son Quintette avec piano et cordes.
Il écrit, la Symphonie n° 7 "Leningrad", au moins en partie, en 1941 à Léningrad durant le siège de la ville, et la crée toujours durant le siège dans des conditions irréelles (des musiciens recrutés parmi la troupe, des haut-parleurs, des bombardements préventifs des lignes allemandes pour assurer le silence). Rapidement populaire aussi bien à l'Ouest qu'à l'Est, elle est jouée 62 fois sur le continent américain entre 1942 et 1943.

La Symphonie n° 8, dite parfois « Stalingrad » (cet hommage n'est pas de Chostakovitch lui-même), tragique et triomphale, est écrite en 1943. Elle est dédiée à Mravinski et est considérée par beaucoup comme le chef-d'œuvre symphonique de Chostakovitch. Elle est parfois comparée à un cri de protestation contre la guerre, le totalitarisme et la volonté de suprématie en général.

Ces deux symphonies, peut-être sombre et pessimiste quant à la seconde, lui valurent d'être soupçonné "d'esprit contre-révolutionnaire et antisoviétique", tant elles s'accordaient mal avec la propagande du régime. Ainsi, lorsque la guerre prit fin, le public et Staline s'attendaient à ce que Chostakovitch produisît une symphonie en forme d'apothéose. Tout au contraire, la Neuvième Symphonie ne dure pas plus d'une demi-heure et ne nécessite qu'un petit orchestre classique. Elle contient des thèmes que certains estiment légers, voire ridicules; les cuivres sont parfois traités comme on le ferait d'une fanfare de cirque, a-t-on même pu lire. Parmi ses collègues musiciens certains lui demandèrent, incrédules, s'il était sérieux, alors qu'au sein du parti on l'accusait de tourner en dérision la victoire.
En 1948, emporté par le tout puissant Jdanovisme artistique, il est, dans un premier temps, critiqué ouvertement (avec d'autres musiciens) lors d'une résolution du parti du 10 février 1948. Il doit faire alors, à plusieurs reprises, son autocritique et perd sa place de professeur, pour ne retrouver un poste qu'en 1961. Son fils Maxime Chostakovitch est même contraint de le condamner publiquement. Alors que le Parti renforce son emprise sur la vie culturelle et artistique soviétique, Chostakovitch, une seconde fois victime de la lutte contre le formalisme, écrit son œuvre la plus ouvertement contestataire, le Raïok, dans laquelle il se moque de Staline et de ses subalternes.

En juillet 1947, il aborde la composition du Premier Concerto pour violon, puis, durant l'été 1948, il écrit ses Chansons juives, notamment en réaction à l'antisémitisme ambiant. Il sera contraint de cacher ces œuvres, comme jadis la Quatrième Symphonie.

En 1949, Chostakovitch, participe à un voyage aux États-Unis organisé à l'occasion d'un congrès culturel. Il écrit la même année son oratorio le Chant des forêts, une œuvre de circonstance, mais non dénuée d'intérêt, ainsi que son Quatrième Quatuor à cordes, dans lequel se fait sentir l'influence du folklore juif, et qui ne sera créé qu'en 1953. C'est également en 1949 qu'il composa la musique du film La Chute de Berlin. En 1950, année du bicentenaire de la mort de Bach, Chostakovitch s'attèle à un cycle de 24 préludes et fugues puis, durant l'hiver 1952, il compose son Cinquième Quatuor à cordes.

En 1953, alors que la situation de Chostakovitch semblait figée, comme celle de bien d'autres musiciens soviétiques, survient l'annonce de la mort de Staline, le 6 mars 1953. Le compositeur revient alors à l'écriture symphonique, après cinq ans d'arrêt, en composant sa Dixième Symphonie de juillet à octobre 1953. La création en décembre 1953 est un triomphe. Même après la mort de Staline, le dogme du réalisme socialiste règne toujours en maître. Mais les premiers indices de changement se manifestent, et de nombreuses œuvres de Chostakovitch vont peu à peu reprendre place dans la vie musicale: les Chansons juives et le Premier Concerto pour violon sont ainsi créés en 1955 plus de sept ans après leur compositions. Chostakovitch reçoit le prix international de la paix en 1953.
Peu après, le compositeur traverse une crise d'inspiration. Il est en outre confronté à la mort de sa femme Nina fin 1954 ainsi qu'à celle de sa mère l'année suivante. Chostakovitch fête ses cinquante ans en 1956, année riche en événements. Lors du XXe Congrès du Parti, Khrouchtchev dénonce les crimes de Staline. Une vague libertaire s'étend à tout l'URSS. Dmitri Chostakovitch est à nouveau réhabilité en 1958, avec la publication d'un décret du Parti sur la correction des erreurs commises en 1948. De nombreux musiciens tels que Prokofiev, Khatchatourian, Chebaline, Popov, Miaskovski sont de même réhabilités.
Le XXIIe Congrès du Parti, en octobre 1961 marque une nouvelle étape dans les transformations intervenues depuis la mort de Staline. On assiste ça et là à des événements d'une portée capitale, comme l'arrivée de Leonard Bernstein et de l'Orchestre de New York dès 1959, ou le retour d'Igor Stravinski en 1962, après cinquante ans d'absence. Un événement musical inattendu se produit: le 30 décembre 1961, l'Orchestre philharmonique de Moscou placé sous la direction de Kirill Kondrachine donne pour la première fois la Quatrième Symphonie de Chostakovitch.

Au printemps 1962, Chostakovitch compose sa Treizième Symphonie, sur des textes d'Evgueni Evtouchenko. Le théâtre Stanislavski et Némirovitch Dantchenko de Moscou met en répétition Lady Macbeth de Mzensk, qui a changé de titre pour devenir Katerina Ismaïlova. En 1964, il écrit ses Neuvième et Dixième Quatuors à cordes, puis s'attèle à un poème vocal et instrumental sur un fragment poétique d'Evtouchenko, l'Exécution de Stépane Razine.

En octobre 1964, on assiste à la chute de Khrouchtchev et la nouvelle équipe au pouvoir s'éloigne de plus en plus de la voie du libéralisme.
L'année 1966, celle des soixante ans du compositeur, est particulièrement chargée. Des concerts solennels ont organisés dans le monde entier en son honneur. En février, il compose son Onzième Quatuor, puis en avril son Deuxième Concerto pour violoncelle, dédié à Rostropovitch. Le 28 mai 1966, Chostakovitch participe comme pianiste à un concert consacré à ses œuvres. C'est la dernière fois qu'il joue en public. Dans la nuit, il est frappé d'une crise cardiaque, et reste plusieurs semaines à l'hôpital.
Le Second Concerto pour violon, dédié à David Oïstrakh, est créé à l'automne 1967. En mars 1968, Chostakovitch achève son Douzième Quatuor à cordes. Pour la première fois, il utilise le langage dodécaphonique dans une de ses œuvres. On retrouvera cette technique dans son œuvre suivante, la Sonate pour violon et piano.

Le compositeur passe les mois de janvier et de février 1969 de nouveau à l'hôpital. Il lit beaucoup et se prend de passion pour des poèmes de Baudelaire, d'Apollinaire et de Rilke. Il s'attelle aux premières mesures de sa Quatorzième Symphonie à la mi-janvier. Cette œuvre a pour thème principal la mort, et c'est la première de plusieurs œuvres de Chostakovitch qu'on peut interpréter comme un adieu à la vie.

En juin 1970, il compose son Treizième Quatuor à cordes. Au début de l'année suivante, il se met à composer sa Quinzième Symphonie, qui sera créée à Moscou en janvier 1972, sous la direction de son fils Maxime Chostakovitch. Le 17 septembre 1971, il subit un nouvel infarctus.

Les dernières années de la vie de Chostakovitch coïncident avec celles de l'ère Brejnev, période durant laquelle le régime se durcit. Des mouvements d'opposition émergent toutefois, avec à leurs têtes Soljenitsyne et Sakharov. Parmi les musiciens, Rostropovitch est le seul à rejoindre les rangs de l'opposition. Chostakovitch n'a plus la force ni le courage de se révolter contre la situation politique. Il accepte de signer la lettre officielle condamnant Sakharov.

Après l'achèvement de sa Quinzième Symphonie, il n'écrit plus une note pendant un an et demi. Le spectre de la mort rôde autour de lui et lui enlève beaucoup d'amis proches. Au printemps 1973, il reprend le dessus et écrit son Quatorzième Quatuor à cordes et Six Romances sur des poèmes de Marina Tsvetaïeva. À la fin de l'année, on diagnostique chez lui un cancer.

Au printemps 1974 naît le Quinzième Quatuor à cordes, suivi d'une autre œuvre majeure, la Suite pour basse et piano sur des poèmes de Michel-Ange. En avril 1975, lors d'un séjour dans une maison de santé, Chostakovitch écrit un cycle de mélodies dédié à Nesterenko : quatre poèmes du capitaine Lebiadkine pour basse et piano, sur des textes de Dostoïevski. Il compose ensuite sa dernière œuvre, la Sonate pour alto et piano, terminée en juillet.

Admis à l'hôpital, Chostakovitch meurt le 9 août 1975. Les funérailles ont lieu le 14 août. La création de la Sonate pour alto et piano a lieu le 25 septembre 1975, jour de l'anniversaire du compositeur.
Voici sa symphonie n°5 "réponse d'un artiste soviétique à de justes critiques" en ré mineur sous la direction de Michael Tilson Thomas:
mouvement n°1
http://fr.youtube.com/watch?v=2qhREaPYLw0&feature=channel_page&fmt=18
http://fr.youtube.com/watch?v=Lqn3xl1jIIk&feature=channel&fmt=18
mouvement n°2
http://fr.youtube.com/watch?v=IXQbaWkINEc&feature=channel&fmt=18
mouvement n°3
http://fr.youtube.com/watch?v=xi3zcILtS1g&feature=channel&fmt=18
http://fr.youtube.com/watch?v=Hna6Sb4RtE8&feature=channel&fmt=18
mouvement n°4
http://fr.youtube.com/watch?v=kfvBz3huGZU&feature=related&fmt=18
http://fr.youtube.com/watch?v=axN0A5n-4yA&feature=related&fmt=18

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