samedi 5 décembre 2009

5 décembre 1830 Création de la Symphonie fantastique d'Hector Berlioz

La Symphonie fantastique op. 14 (titre original : Épisode de la vie d’un artiste, symphonie fantastique en cinq parties) est une œuvre de Hector Berlioz, dédicacée à Nicolas Ier de Russie et créée le 5 décembre 1830 au conservatoire de Paris, sous la direction de François-Antoine Habeneck. Composée de cinq scènes descriptives, cette œuvre, plus proche du poème symphonique que de la symphonie, fait partie d’un genre appelé musique à programme.
Berlioz assista (bien qu'il ne comprît pas un mot d'anglais), à Paris, en 1827, à une représentation du Hamlet de Shakespeare, dans laquelle Harriet Smithson, jeune actrice irlandaise, jouait le rôle d'Ophélie. A la fin de celle-ci, il était désespérément épris d'Harriet et erra toute la nuit en proie à la frustration et au désir, cette passion le poursuivit les cinq années suivantes.
Échouant à la séduire par ses lettres, il conçut le projet de la conquérir par sa musique, La Symphonie Fantastique, basée sur un récit autobiographique (ce que Berlioz niera par la suite) et hantée par une mélodie représentant la bien-aimée et décrite comme idée fixe. Berlioz, inspiré, ne mettra que deux mois à composer la symphonie (février-mars 1830). Un record, vu la complexité et le génie de l'œuvre.
Harriet Smithson n'assista pas à la première, Berlioz se persuada qu'il avait exorcisé son attraction, et se fiança avec Camille Moke, une jeune pianiste. Retournant à Paris en 1832 (après la rupture houleuse de ses fiançailles, après que Camille Moke se fut finalement décidée pour un constructeur de pianos), il organisa un concert où l'on joua la Symphonie fantastique suivie de Lélio. Le public comprenait, outre toute une génération de jeunes artistes romantiques, Harriet Smithson et Heinrich Heine.
Transportée par le spectacle, Harriet commença à répondre aux avances renouvelées du compositeur. Les parents des deux jeunes gens étaient formellement opposés à ce mariage. Cette situation un rien compliquée et tumultueuse dura un an. Berlioz supplia, essaya de s'empoisonner devant elle et finalement obtint en octobre 1833 qu'ils se marient à Paris, si l'on arrêtait là l'histoire, il s'agirait sans doute de la plus belle et rocambolesque véritable histoire d'amour romantique du XIXe siècle. Mais Harriet, sa gloire artistique en déclin, jalouse des voyages de son époux, elle qui aura à jamais quitté la Grande Bretagne, déçue, devint acariâtre et prématurément âgée à cause d'une santé faiblissante. Le couple ne survit pas très longtemps, mais Berlioz la soutint tout sa vie. En témoigne le chapitre des Mémoires de Berlioz traitant de la fin de la vie d'Harriet, des pages comptant parmi les plus bouleversantes de la littérature.
Voici le programme de cette symphonie tel qu'il appraissait dans l'édition de 1832.

Première Partie : Rêveries
L’auteur suppose qu’un jeune musicien, affecté de cette maladie morale qu’un écrivain célèbre appelle le vague des passions, voit pour la première fois une femme qui réunit tous les charmes de l’être idéal que rêvait son imagination, et en devient éperdument épris. Par une singulière bizarrerie, l’image chérie ne se présente jamais à l’esprit de l’artiste que liée à une pensée musicale, dans laquelle il trouve un certain caractère passionné, mais noble et timide comme celui qu’il prête à l’être aimé.
Ce reflet mélodique avec son modèle le poursuit sans cesse comme une double idée fixe. Telle est la raison de l’apparition constante, dans tous les morceaux de la symphonie, de la mélodie qui commence le premier allegro. Le passage de cet état de rêverie mélancolique, interrompue par quelques accès de joie sans sujet, à celui d’une passion délirante, avec ses mouvements de fureur, de jalousie, ses retours de tendresse, ses larmes, etc., est le sujet du premier morceau.

Deuxième Partie : Un Bal
L’artiste est placé dans les circonstances de la vie les plus diverses, au milieu du tumulte d’une fête, dans la paisible contemplation des beautés de la nature; mais partout, à la ville, aux champs, l’image chérie vient se présenter à lui et jeter le trouble dans son âme.

Troisième Partie : Scène aux Champs
Se trouvant un soir à la campagne, il entend au loin deux pâtres qui dialoguent un ranz de vaches (chanson traditionnelle des vachers en Suisse), ce duo pastoral, le lieu de la scène, le léger bruissement des arbres doucement agités par le vent, quelques motifs d’espérance qu’il a conçus depuis peu, tout concourt à rendre à son cœur un calme inaccoutumé et à donner à ses idées une couleur plus riante. Il réfléchit sur son isolement; il espère n’être bientôt plus seul... Mais si elle le trompait!... Ce mélange d’espoir et de crainte, ces idées de bonheur troublées par quelques noirs pressentiments, forment le sujet de l’adagio. À la fin, l’un des pâtres reprend le ranz de vaches, l’autre ne répond plus... Bruit éloigné de tonnerre...Solitude...Silence...

Quatrième Partie : Marche au supplice
Ayant acquis la certitude que non seulement celle qu’il adore ne répond pas à son amour, mais qu’elle est incapable de le comprendre, et que, de plus, elle en est indigne, l’artiste s’empoisonne avec de l’opium. La dose du narcotique, trop faible pour lui donner la mort, le plonge dans un sommeil accompagné des plus horribles visions. Il rêve qu’il a tué celle qu’il aimait, qu’il est condamné, conduit au supplice, et qu’il assiste à sa propre exécution. Le cortège s’avance aux sons d’une marche tantôt sombre et farouche, tantôt brillante et solennelle, dans laquelle un bruit sourd de pas graves succède sans transition aux éclats les plus bruyants. À la fin de la marche, les quatre premières mesures de l’idée fixe reparaissent comme une dernière pensée d’amour interrompue par le coup fatal. On entend alors quatre notes descendantes représentant la tête du condamné qui roule.

Cinquième Partie : Songe d'une Nuit de Sabbat
Il se voit au sabbat, au milieu d’une troupe affreuse d’ombres, de sorciers, de monstres de toute espèce, réunis pour ses funérailles. Bruits étranges, gémissements, éclats de rire, cris lointains auxquels d’autres cris semblent répondre. La mélodie aimée reparaît encore, mais elle a perdu son caractère de noblesse et de timidité; ce n’est plus qu’un air de danse ignoble, trivial et grotesque, c’est elle qui vient au sabbat... Rugissement de joie à son arrivée... Elle se mêle à l’orgie diabolique... Glas funèbre, parodie burlesque du Dies irae, ronde du Sabbat. La ronde du Sabbat et le Dies irae ensemble.
Voici cette symphonie sous la direction de Charles Dutoit:
mouvement n°1
http://fr.youtube.com/watch?v=DEam2fvAzrI&feature=channel_page&fmt=18
http://fr.youtube.com/watch?v=p6_cCGk0OBw&feature=channel&fmt=18
mouvement n°2
http://fr.youtube.com/watch?v=rqunY66MWKM&feature=channel&fmt=18
mouvement n°3
http://fr.youtube.com/watch?v=hvcW8nrxwjQ&feature=channel&fmt=18
mouvement n°4
http://fr.youtube.com/watch?v=kblMD4gtQFM&feature=channel&fmt=18
mouvement n°5
http://fr.youtube.com/watch?v=dHRdmDJYqEQ&feature=channel&fmt=18

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